Le levain dans la pâte
Chers Frères, chers lasalliens,
Noël, fête de la Lumière venue en ce monde. L’Avent est le temps de la préparation
de l’accueil de la Lumière qui vient dissiper les ténèbres du monde. Dans sa méditation
pour le temps de l’Avent, Saint Jean-Baptiste De La Salle nous rappelle que si nous voulons
expérimenter Noël, nous devons inviter le Seigneur à Le laisser régner en Maître sur nos
cœurs. De son côté, le Pape François ne cesse de nous exhorter à rejoindre « les périphéries
géographiques mais également existentielles ». D’ailleurs, se rapprocher des périphéries est
l’une des recommandations du dernier Chapitre général qui s’est tenu à Rome en mai 2022.
Nous sommes invités à ouvrir les yeux, là où réside l’indifférence, la douleur, l’injustice,
l’ignorance, le mépris, la maladie, là où se concentrent toutes les misères. Ainsi, sommes-
nous appelés à reconsidérer l’importance des liens que notre communauté lasallienne
entretient avec les membres souffrants de la société : les écoles, les maisons de retraite, les hôpitaux,
les hospices, tout en donnant la priorité à nos lieux de vie et de travail.
Le Pape François nous exhorte aussi à considérer « un monde globalisé et
numérisé » : « N’ayez pas peur d’aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux
périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent ». Par cette
interpellation, le pape François rappelle le fondement même de notre foi, une foi au Christ
vivant aujourd’hui qui vient pour rencontrer l’homme et la femme de ce temps et transformer
la société. Il ajoute : « Je préfère mille fois une Église accidentée à une Église malade ». Oui,
plus que jamais, en ce temps de l’Avent, Dieu nous appelle à oser le risque de nous mettre à
Son écoute, de nous mettre à Son école, de nous mettre à Son service.
Notre Institut nous pose une question : « Où est ton frère ? » (Gn4,9). Nous répondons
à cet appel chaque fois que nous choisissons de sortir de nous-mêmes pour aller à la
rencontre de l’autre, spécialement, les plus vulnérables parmi ceux qui nous sont confiés.
Oser avancer d’un pas vers une personne vulnérable, c’est ouvrir son cœur à la lumière,
c’est aider la personne à reconnaître sa propre valeur, sa capacité à donner, c’est aussi
lui témoigner de la lumière d’un Dieu muni d’un cœur sensible aux souffrances de l’homme.
Bienheureux celui qui choisit de marcher avec les plus démunis et d’entrer en alliance avec
eux. Bienheureux celui qui montre aux autres le chemin qui mène vers les plus démunis, la
lumière jaillira de son cœur. Les Lasalliens sont appelés à être les témoins d’une culture de
fraternité qui montre que « La Lumière » se cache dans l’amour, et non dans le pouvoir, ni
dans l’avoir. Soyons fidèles à cet héritage lasallien qui libère de l’ignorance par l’annonce de
l’Évangile aux jeunes et en particulier les pauvres.
Nous vivons des temps difficiles et nous avons besoin de témoins authentiques de
fraternité et de paix. Puisse la prière éclairer nos pas afin de frayer des chemins inédits dans
la jungle de ce monde. Puisse la montée vers Noël faire de nous “le levain dans la pâte”.
Que Noël apporte à chacun la lumière, la paix, et la joie.
Frère Fadi Sfeir, Visiteur
