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Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), chanoine de Reims (1666-1683), aide un petit groupe de maîtres d’écoles gratuites à se mettre à la hauteur de leur mission d’éducateurs chrétiens et, renonçant à sa situation de privilégié, s’unit à eux dans les années 1680-1685. C’est ainsi que naît l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes, entièrement voués à l’éducation chrétienne des “enfants des artisans et des pauvres”, tous laïcs et menant, en ville seulement, une vie proche de celle des religieux, avec lasoutane noire, le rabat blanc et “les quatre bras” (manteau à manches flottantes) qui seront connus dans le monde entier. Car, en 1688, le Fondateur refuse de se laisser enfermer dans les limites d’un diocèse et s’établit à Paris ; en 1702, il envoie deux Frères à Rome. À Saint-Yon, près de Rouen, il commence un pensionnat payant dont le programme s’oriente vers une formation professionnelle et commerciale pour la bourgeoisie locale, avec une section pour jeunes “libertins” (difficiles).

Après des essais infructueux (1686 et 1694), Jean-Baptiste de La Salle obtient en 1717 qu’un Frère soit élu Supérieur général par un “Chapitre” composé des principaux Frères. Quand meurt le Fondateur, en 1719, l’Institut compte 120 Frères établis en 22 villes. En 1720, est élu le 2e Supérieur : le Frère Timothée donne une forte impulsion à l’Institut qui obtient en 1724-1725 la reconnaissance royale (Lettres patentes) et pontificale (Bulle d’approbation) : en 1726 sont publiées les Règles de l’Institut. En 1751, l’Institut s’est implanté dans 25 villes nouvelles dans la partie nord de la France, 33 dans la partie sud, ainsi qu’à Estavayer (Suisse) et Ferrare (Italie). En plusieurs endroits, les municipalités veulent imposer une rétribution aux familles aisées qui envoient leurs enfants dans une école chrétienne, mais la gratuité absolue réussit à se maintenir partout (les 7 pensionnats sont payants).

Au début de la Révolution française, l’Institut compte 880 Frères, éduquant près de 35.000 jeunes dans 116 Maisons (dont 4 hors de France). Supprimé en 1792, l’Institut subsiste dans de petits îlots séparés et, comme le 5e Supérieur, Frère Agathon, est emprisonné, le Pape Pie VI nomme en 1795 le Frère Frumence, Directeur à Rome, Vicaire du Supérieur. La grande majorité des Frères a refusé le serment révolutionnaire, une dizaine ont été tués et plusieurs sont reconnus comme martyrs : Salomon (béatifié en 1926) mort en 1792 à la prison des Carmes à Paris ; Léon, Uldaric et Roger (béatifiés en 1995) morts en 1794 sur les “pontons” de Rochefort. Avec le Concordat de 1801, la paix religieuse s’installe en France et des Frères peuvent reprendre contact entre eux. Fin 1803 Bonaparte donne une approbation au rétablissement des Frères à partir de Lyon et, fin 1804, le Frère Frumence y arrive pour regrouper les Frères qui ne sont alors qu’une cinquantaine.

En 1808, Napoléon s’appuie sur les 100 Frères français pour relancer l’enseignement primaire et entend les y cantonner. En 1810, à la mort du Frère Frumence, les Frères peuvent réunir un Chapitre qui élit le 6e Supérieur, Frère Gerbaud : les Frères d’Italie, témoins en 1809 de l’emprisonnement du Pape Pie VII, n’ont pas envoyé de délégué. Les Frères sont en Belgique à partir de 1816 mais suspectés de développer l’influence française, ils doivent quitter le pays en 1826 (ils y reviendront en 1831 et se développeront ensuite, freinés un temps par la “loi de malheur” de 1879-1884) : un Frère belge, Mutien-Marie, 1841-1917, sera canonisé en 1989. Un essai à St-Louis (Louisiane) en 1717-1720 ne réussit pas (l’implantation définitive aux USA commencera en 1845 à Baltimore et en 1848 à New York) ; en 1817 débute l’implantation à l’Île Bourbon, qui deviendra La Réunion (où se sanctifiera le Frère Scubilion, 1797-1867, béatifié en 1989). Arrivés au Canada en 1837 (Montréal), les Frères y deviendront vite leaders dans l’édition scolaire.

La loi scolaire de 1833, qui adapte aux instituteurs communaux le statut des FEC, offre un cadre adapté au développement rapide de l’Institut (et des autres Frères enseignants qui naissent à la même époque), surtout pendant le généralat (1838-1874) du Frère Philippe Bransiet, 10e Supérieur, qui ouvre 1.000 communautés, dont 269 hors de France : les Frères sont 2.300 dans 6 pays en 1838 et 10.600 dans 25 pays en 1874. Énumérons les débuts : 1841, Turquie (Smyrne et Constantinople) ; 1847, Égypte et 1850, Allemagne ; 1852, Penang (Malaisie) et Singapour ; 1854, Alger et Oran ; 1855, Londres, Tunis et Vienne (Autriche) ; 1858, Syra (Grèce) ; 1859, Port-Louis (Maurice) et Calcutta ; 1860, Rangoon et Moulmein (Birmanie) ; 1861, Bucarest ; 1863, Quito (Équateur, dont sortira Frère Miguel, écrivain renommé et premier saint d’Amérique Latine, canonisé en 1984) ; 1866, Tananarive et Saïgon ; 1867, Ceylan ; 1868, Monaco, où les Frères créent l’enseignement public de garçons. Dans la plupart des pays, des noviciats sont ouverts et des vocations locales s’y forment. Des provinces (“districts”) sont créées pour ces secteurs loin du centre de l’Institut, qui reste en France (Paris, Faubourg St-Martin en 1821, rue Oudinot en 1847).

Les Frères diversifient leurs ouvres : à partir de 1829, écoles normales primaires départementales (Rouen, puis Aurillac, Beauvais, Quimper, et en Belgique, Malonne et Carlsbourg), cours du soir pour adultes dès 1830, enseignement de l’histoire-géographie et du dessin technique en Primaire, promu par le Comité de 1834 ; catéchistes ou éducateurs dans les prisons (1840-48). L’expérience des pensionnats permet la mise au point d’un enseignement secondaire sans latin, d’un enseignement agricole et industriel. Le latin est interdit aux Frères dès leurs origines, pour éviter les études cléricales qui les détourneraient de l’enseignement à plein temps. Bénéfique en France, où elle oblige à inventer des programmes, cette interdiction est un obstacle aux États-Unis, en Italie et en Allemagne : elle est levée en 1923, à la demande du Pape Pie XI. La présence dans des pays où les catholiques sont minoritaires (États-Unis, Angleterre, pays de mission…) et les lois scolaires (obligation, urgée en France en 1861, de recevoir une contribution des familles aisées) amènent les Frères à tenir des écoles en partie payantes, renonçant malgré eux à la gratuité absolue qui caractérisait jusque là leurs écoles.
La laïcisation de l’école publique en France (1880-1886) amène les Frères à développer des écoles privées où apparaissent des maîtres laïcs quand les Frères sont astreints au service militaire et là où manquent des Frères connaissant bien la langue du pays (USA, pays de mission). Une implantation internationale se poursuit : Hong Kong, Chili, Espagne et Jérusalem (1875-78) ; Luxembourg, Irlande, Arménie, Palestine (Jaffa), Bulgarie, Liban, Bohème, Argentine et Colombie en 1880-90 ; Hongrie en 1894 ; Prague en 1898 ; Nicaragua, Malte et Pologne (à Lemberg, actuellement Lwow en Ukraine) en 1903. Le statut ecclésial des Frères se calque de plus en plus sur celui des Congrégations religieuses à voeux simples : interdiction des études profanes pendant le noviciat dont la durée d’un an est rappelée, création de voeux annuels en 1858 (auparavant, des Frères faisaient des voeux triennaux ou perpétuels, mais beaucoup demeuraient longtemps sans voeux), incitation à faire des voeux, insistance sur la connaissance du Fondateur, béatifié en 1888 et canonisé en 1900 par Léon XIII. Un certain triomphalisme se manifeste, et le Frère Gabriel-Marie, 13e Supérieur, doit rappeler que c’est le Fondateur qui est canonisé, pas l’Institut !

L‘Exposition internationale de Paris en 1900 souligne l’action des Frères : 350 patronages de jeunes (France, Belgique) ; Ouvre de saint Labre (1882) et le SECI, 1er syndicat chrétien français (1887), à l’origine de la CFTC ; travaux scientifiques de Frères : le Belge Alexis-Marie (Atlas de géographie), les Français Héribaud et Gustave (Flore d’Auvergne), l’Américain Potamian (physique) ; des manuels de Frères, dont les Français Gabriel-Marie (mathématiques), Louis-de-Poissy (philosophie chrétienne) et le livre breton-français du Frère Constantius. Le Frère Paul-Joseph publie en 1901-1902 les Éléments de pédagogie, dernier livre de pédagogie s’adressant aux Frères du monde entier. En 1904, les Frères sont 10.600 en France, et 4.800 en dehors, dans 42 pays. La suppression de l’Institut en France augmente sa présence à l’étranger (dans 13 pays de plus, en 1913) et renforce parfois son caractère “français”, comme au Québec où 221 Frères français rejoignent en 5 ans leurs confrères canadiens… et accaparent les postes de commande ; en Amérique centrale, l’inculturation se fait bien (arrivée en 1905 à Cuba, au Mexique, à Porto-Rico). Le centre de l’Institut (Maison Généralice) est transféré en Belgique (Lembecq-lez-Hal), puis à Rome en 1936. Près d’un tiers des Frères se “sécularisent” en France, sans relation officielle avec leurs Supérieurs pour éviter le délit de Congrégation ; des noviciats et pensionnats français se déplacent au-delà des frontières pour continuer la formation des jeunes Frères ou l’éducation chrétienne. Quelques maisons se spécialisent pour les pays de mission : Caluire (Lyon), St-Maurice-l’Exil (vallée du Rhône), Talence (Bordeaux).

De nouveaux pays accueillent les Frères avant la 1ère Guerre Mondiale (Panama, Afrique du Sud, Australie, Brésil, Pays-Bas, Albanie, Philippines, Argentine, Libye, Vénézuéla), parfois prélude à un développement important (Congo Belge) ; certains pays les expulseront peu après, comme Cuba et le Mexique (et ces Frères créeront en 1918 le district de Nouvelle Orléans-Santa Fe, aux États-Unis). Le Bulletin de l’Institut, depuis 1907, offre aux Frères une manière de communiquer des nouvelles du monde entier même aux “sécularisés”. Avec la Grande Guerre, nombre de Frères français reviennent pour prendre leur part à la guerre comme infirmiers ou combattants, et l’Union Sacrée en France amène la fin des poursuites contre les Congréganistes. Mais des Frères d’autres pays étaient aussi enrôlés dans le camp adverse. Les communications avec le centre de l’Institut ayant été difficiles, on reconnaît qu’il faut plus de latitude aux Frères Visiteurs dans l’animation de leurs Districts. Des Frères d’Europe centrale et des Îles britanniques viennent développer les missions en Extrême-Orient, y compris la Chine (Moukden, 1936), des Frères Canadiens vont au Japon (1932), et l’Institut pénètre dans d’autres pays d’Amérique Latine. Des Frères acquièrent une grande renommée, comme Marie-Victorin, au Québec (botanique et littérature), Marès-Joseph qui lance en Belgique les écoles d’art Saint-Luc, ou Nectaire-Marie (géologie et histoire du Venezuela). La guerre civile espagnole, en 1934-1939, conduit au martyre 159 Frères, dont plusieurs sont déjà canonisés et béatifiés.

Le Chapitre de 1946 insiste sur la “séparation du monde”, au moment même où la participation des Frères à l’Action Catholique, au renouveau catéchétique et pédagogique les mettaient en relation avec des personnes hors de l’Institut. Le Chapitre exige de supprimer l’élément féminin dans les écoles de Frères et de limiter à son niveau actuel le nombre de maîtres laïcs : l’explosion démographique et scolaire amène l’effet inverse. En 1948, les Frères arrivent au Cameroun et en Haute Volta (Burkina Faso), puis dans de nouveaux pays à un rythme soutenu, même quand les vocations commencent à se raréfier en France, en Belgique et aux Pays-Bas.

Le Chapitre de 1956 élit le dernier Supérieur français, Frère Nicet-Joseph, qui lance la révision de la Règle et institue les Études lasalliennes à Rome pour une meilleure connaissance de la vie et des écrits du Fondateur.

Dans le mouvement de Vatican II, le Chapitre de 1966-67 (pour la 1ère fois avec traduction simultanée) réorganise le gouvernement de l’Institut sur le principe de subsidiarité : le 20e Supérieur, Frère Charles-Henry Buttimer (les Frères reprennent leur nom civil), est américain et son successeur, Frère José Pablo Basterrechea, est basque espagnol. Ils doivent faire face à une crise, tant des vocations que de persévérance, l’Institut passe de 16.800, en 1965, à 6.100 aujourd’hui en 85 pays, avec une nette augmentation de la moyenne d’âge.
En même temps, des maîtres laïcs en nombre croissant se reconnaissent dans la pédagogie des Frères et demandent à participer à leur spiritualité au nom du charisme de saint Jean-Baptiste de La Salle qui a été proclamé en 1950 patron des éducateurs chrétiens de la jeunesse. On parle de Mission partagée, de Famille lasallienne, de Partenaires et d’Associés. Des Centres de formation lasallienne se créent dans la plupart des pays.

Frère John Johnston, américain, élu en 1986 22e Supérieur, puis réélu pour un second septennat en 1993, organise l’interdépendance pour fournir aux secteurs qui ont des vocations de Frères (en Afrique, Amérique latine et Asie), des moyens en hommes et en finances pour les former.

Le 43e Chapitre (en 2000) élit Frère Álvaro Rogríguez Echeverría, de Costa Rica, comme 23e Supérieur. L’accent est mis sur l’Association pour le service éducatif des pauvres, les Droits de l’Enfant, et l’évangélisation (y compris dans les sociétés multi-religieuses).

Le 44ème Chapitre général qui s’est tenu du 29 avril au 2 juin 2007, a réélu F. Alvaro pour un second septennat. Il a insisté sur le renforcement de la Vie communautaire, l’Association Frères-Laïcs au service des pauvres, et placé les grandes lignes d’action sous le titre : “Etre Frères aujourd’hui, défis et horizons”.

le 45ème chapitre général, réuni à Rome, en avril-mai 2014, a élu le 20 mai, le Frère américain Robert Schieler (64 ans), 27ème  successeur de St JBLS. Conseiller sortant de la RELAN et docteur en gestion de l’Education.
F. Jorge Gallardo de Alba, (55 ans) a été élu mercredi 21 mai, Vicaire général. Natif du Mexique et ayant longtemps vécu au Japon, depuis 2007 Conseiller général à Rome. élections des 5 conseillers généraux