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À mon arrivée il y a 16 ans en Turquie, je ne savais pas que j’aurai la chance de me trouver encore dans ce beau pays lors des célébrations du centenaire de la République turque. Depuis le début de l’année 2023, j’ai senti, au sein même du lycée Saint-Michel, un engouement tout particulier pour cette fête du 29 octobre, au point que nous avons décidé de mettre en place un comité organisateur dédié à la préparation d’activités variées durant toute la semaine précédant cette fête.
Ainsi, nous organisons un concert en l’honneur du centenaire de la République, des interventions d’artistes divers témoignant de leur attachement aux valeurs qui la définissent, des activités également plus ludiques afin de sensibiliser les élèves dont nous avons la responsailité.
En tant qu’éducateurs, nous devons exliquer ces valeurs républicaines fondamentales, telles que la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et la démocratie. Nous les encourageons à participer à la vie démocratique au sein même de l’établissement. Cela inclut bien entendu le vote lors des élections des délégué(e)s, des éco-délégué(e)s, du (de la) président(e) des élèves, mais nous insistons aussi sur
l’engagement dans des organisations civiques ainsi que sur le suivi de l’actualité en Turquie et dans le monde. Nous souhaitons amener nos jeunes à réfléchir aux meilleurs moyens de combattre la discrimination et l’injustice, pour devenir des défenseurs de l’égalité des droits pour tous les citoyens.
La République représente, en fait, une myriade d’actions de la vie citoyenne :
encourager le dialogue et la tolérance, s’engager dans des actions civiques, respecter les lois et les institutions, éduquer et sensibiliser, rester vigilant face aux menaces, dénoncer les discours haineux, les actes antidémocratiques et les atteintes aux droits de l’homme…
Elle symbolise un engagement continu qui demande de la persévérance et du dévouement. Chacun peut y contribuer à sa manière en fonction de ses capacités et de ses convictions personnelles, et la jeunesse turque doit y croire et s’y engager.
Le dimanche 29 octobre, tous rassemblés à côté du drapeau de la République turque, élèves, professeurs et parents, nous allons nous retrouver pour célébrer des idéaux qui transcendent les fron-
tières et les cultures, des valeurs qui nous unissent en tant que peuple. La République est tellement
liée à la démocratie que je considère ces deux mots comme bien plus que de simples termes dans nos
deux langues que sont le français et le turc. Ils incarnent le souffle même de la liberté et de l’égalité qui anime nos êtres et les citoyens de ce pays.
Comme le disait Mustafa Kemal Ataürk, la République demeure un symbole de renouveau, une sorte d’aube d’une ère nouvelle où le pouvoir appartient au peuple. Elle est le fruit d’un rêve où chaque citoyen est doté de droits inaliénables, où chaque voix compte, où chaque opinion est respectée. En Tur-
quie, nous nous tenons sur les épaules de générations qui ont aspiré à une société juste et équitable, où les individus ne sont pas jugés par leur origine, leur religion ou leur statut social, mais par leur force de caractère et leurs actions.
La démocratie, elle, représente la symphonie harmonieuse de ces voix diverses qui s’élèvent pour façonner un avenir commun. Elle nous rappelle que la différence est une richesse, que le débat est le socle de la croissance intellectuelle et sociale. Ici, nous avons le privilège de participer à cette symphonie en tant que personnes conscientes de nos responsabilités…. Et ce, envers nous-mêmes, nos concitoyens et surtout pour les générations futures. Toutefois, la démocraie reste un trésor fragile. J’ai moi-même vécu dans des pays qui ont vu choir leurs droits les plus élémentaires : Le Yemen et la Syrie. Elle exige donc un engagement constant, une vigilance sans faille pour préserver des acquis durement gagnés. Dans ce cher pays d’adoption qu’est la Turquie où j’ai la chance de vivre depuis longtemps, j’ai constaté que la démocratie était le fil conducteur guidant les pas depuis 100 ans, à travers les défis et les transformations. Les moments de joie et de peine, de triomphe et de difficulté, ont été traversés ensemble grâce à ce principe fondateur. C’est cette République turque à laquelle nous tenons tous qui nous pousse à entendre les voix de tous, qu’elles soient majoritaires ou minoritaires, à garantir la
justice pour tous, à œuvrer pour le bien commun. Elle nous invite à construire des ponts plutôt que des murs, à forger des alliances plutôt que des divisions. Elle nous rappelle que le pouvoir doit être tempéré par la compassion, que les puissants doivent être redevables envers ceux qu’ils servent.
J’ai réellement le sentiment que nous sommes à un carrefour de notre histoire 100 ans après la création de la République turque. Et en tant que directeur d’un établissement scolaire, je rappelle aux élèves turcs qu’ils sont les gardiens du patrimoine démocratique et républicain, les artisans de l’avenir de cette
nation, et qu’il est important de ne pas fuir leur pays mais de faire face aux défis de demain, et ce en façonnant l’avenir de leur Turquie. En embrassant la République et la démocratie, les jeunes incarnent l’espoir d’une nation pleine de sens et d’avenir.
France/Turquie : 100 ans de relations
Ces 100 ans qui nous unissent
* M. Jean-Michel Ducrot
Directeur du lycée Saint-Michel