« De grandes choses sont encore possibles, oui je le peux. »
« De grandes choses sont encore possibles, oui je le peux. » est le thème choisi par le Conseil de la MEL pour les années 2019 et 2020. Ces quelques lignes ont pour but d’expliciter ce thème à partir de la tradition lasallienne.
Tout d’abord, comment mesurer la grandeur d’un projet ? On risquerait facilement de glisser dans le compte d’une quantité de réalisations. C’est naturellement le résultat d’une mentalité de consommation qui ne cesse de s’infiltrer dans tous les niveaux de la vie quotidienne. Il n’y a pas de plus destructeur qu’une maladie imperceptible : elle ronge de l’intérieur. Que le Seigneur nous préserve des déviations toujours possibles en termes de jalousie, de compétition de recherche obsessionnelle de la bonne image. Rappelons-nous les paroles de notre fondateur : « vous pouvez réaliser (pas seulement des grandes choses mais aussi) des miracles ». De quel genre de miracle s’agit-il? Il ajoute dans une lettre: « Cher Frère,
si vous patientez en enseignant à un enfant qui a des difficultés à lire et à écrire, vous l’aidez à être capable de déchiffrer une lettre, vous avez guéri un aveugle ; si vous accompagnez un jeune à aller, au-delà de ses plaisirs égoïstes, pour aller servir une personne vulnérable, vous
avez guéri un paralysé ; et si vous apprenez à un jeune à prier et à méditer, vous avez sauvé une âme ; voici des miracles que vous pouvez réaliser ». Oui des grandes choses sont à notre portée aujourd’hui lorsqu’il s’agit de libérer des jeunes et des adultes de l’ignorance et de les
rendre capables de vivre une mission. Par le biais du volontariat, du tutorat et de la remédiation
accompagnés de patience, de foi en l’autre et de persévérance des grandes choses sont possibles. Il s’agit d’enseigner les esprits, de toucher les coeurs et de transformer des vies : c’est construire un homme vivant aujourd’hui.
Comment passer d’une mentalité de consommation à une mentalité lasallienne ? Rêver d’un monde meilleur. La paix est-elle possible ? Nous sommes fermement convaincus que “La planète a moins besoin de gens qui ont réussi mais elle a désespérément besoin de plus de
pacificateurs, de guérisseurs, de réparateurs, de conteurs et d’amoureux de tout genre. Elle a besoin de personnes qui vivent bien à leur place. Elle a besoin de gens qui ont le courage moral de se joindre au combat pour rendre le monde habitable et humain.” Oui, des grandes choses
sont possibles mais avec des yeux ouverts aux besoins des jeunes, des éducateurs et des personnes vulnérables, avec des coeurs animés par l’esprit du Seigneur. Entrer dans cette grandeur, suppose une éducation pour apprendre à avoir les yeux ouverts et le coeur brûlant.
Des manifestations extérieures qui ne visent qu’à impressionner autrui posent une question quant
à leur valeur lasallienne. Le fondateur SJBS nous invite depuis toujours à aller en profondeur, à« toucher le coeur des enfants », et à lire les évènements dans un esprit de foi. C’est dans ce sens que Rome a pris la décision d’aller au Soudan du Sud et d’ouvrir une école de Frères à
Rumbek. Tous les projets au-delà des frontières et de solidarité (Fratelli) portent en profondeur
cet esprit. C’est dans ce même esprit que Frères et laïcs constituent ensemble : « le coeur, et la mémoire et le garant du charisme lasallien». L’amour s’accompagne d’innovation. Il nous revient de nous mettre en route. Le tricentenaire n’aura pris tout son sens qu’avec des personnes qui ont accepté de rêver et de s’engager, qu’avec des Frères et des Lasalliens qui ont choisi
d’avoir les yeux ouverts, le coeur aimant et les mains prêtes pour agir. Que le Seigneur nous éclaire dans cette aventure et nous procure la sagesse,la joie et la paix pour parachever son oeuvre. Car c’est Lui qui est capable de réaliser, à travers nous, des grandes choses.
Frère Fadi, Visiteur.
Septembre 2019