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Carlo Acutis, au carrefour du monde et du ciel
Marie de Chamvres
« Nous sommes tous nés comme des originaux, mais beaucoup d’entre nous meurent comme des photocopies. » Une chose est sûre, Carlo Acutis, le jeune Italien qui a prononcé cette parole digne des plus beaux apophtegmes, est mort en 2006, non comme une pâle copie de son siècle, mais comme un original ! Son originalité ? Une vie avec le Christ qui ne fait pas de bruit, mais qui parle de Dieu. Qui ne brille pas, mais qui éclaire. Et ce, en un éclair : Carlo n’aura vécu – sur terre – que quinze années.
Un jeune de son temps
À première vue, à vue humaine, rien d’extraordinaire dans l’histoire de ce garçon. Enfant unique, il naît à Londres en mai 1991 dans une famille italienne aimante et très aisée – ses parents travaillent à la City – avant de revenir en Italie, dans un quartier cossu de Milan. Carlo ne connaît donc ni la guerre, ni la misère ni le manque d’amour ; tout l’inverse. À l’école, il est sage et sérieux, plutôt bon, mais sans plus. Il traverse l’adolescence sans heurts ni malheurs. Comme tous les gamins de sa génération, dite Y, il grandit avec l’essor des nouvelles technologies. Il joue à Super Mario, s’attache aux Pokémon, surfe des heures sur Internet et se révèle être un petit génie de l’informatique. Cet as de la programmation, du codage et du montage vidéo ne reste pas pour autant enfermé dans sa chambre : il aime voir ses copains, voguer sur un voilier, courir derrière un ballon ou voyager.
Un passionné de l’eucharistie
Alors qu’est-ce qui différencie des autres ce geek en jean, baskets et cheveux en pétard qui ne manque pas d’être pleinement dans le monde – qui est le nôtre, aussi ? Il a su vivre en authentique disciple du Christ. Aussi intégré au siècle qu’intègre de cœur. Et cette intimité surnaturelle avec la vie du ciel lui a toujours été comme naturelle sur terre. À 5 ans, le voilà à genoux, les mains jointes, tourné vers la Vierge Marie à qui il se consacre ; la baby-sitter le surprend ainsi, non sans surprise. À 7 ans, il demande de lui-même la première communion et prend la ferme résolution de communier chaque jour car « l’eucharistie est [son] autoroute pour le Ciel ». « Mon secret, c’est d’avoir un contact quotidien avec Jésus. Sous le soleil, on finit par bronzer. Sous le regard de Jésus Eucharistie, on devient saint », aime-t-il rétorquer à ceux que son ardeur étonne. À 12 ans, alors aide-catéchiste dans sa paroisse – oui, déjà ! –, il décide de répertorier tous les miracles eucharistiques et de les présenter à la face du monde en créant une exposition numérique accessible à tous. Ainsi met-il ses talents au service du Christ et de l’Église, découvrant, tel un explorateur, ce nouveau continent où tant de jeunes se perdent et sont en attente d’une annonce franche de l’Évangile.
Une foi rayonnante
Missionnaire avant l’heure, Carlo ne déserte pas pour autant le monde réel. Sa bonté délicate et sa foi rayonnante convertissent ceux qui l’entourent. Ses parents, d’abord, qu’il ramène au Christ et aux sacrements comme par attraction et contagion. Puis Rajesh, le domestique indien de la maison, qui se laisse conquérir par le Dieu de Carlo au point de demander un jour le baptême. Et que dire de ses nombreux amis, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, considérés ou laissés-pour-compte ! Car l’adolescent sait trouver les mots – ou les silences, ou les gestes – pour témoigner en toute simplicité des réalités d’en haut. Le pape François dira de lui quelques mois après sa béatification : « Il ne s’est pas contenté d’un immobilisme confortable, mais il a saisi les besoins de son temps, car il voyait le visage du Christ dans les plus faibles. Son témoignage indique aux jeunes d’aujourd’hui que le vrai bonheur se trouve en mettant Dieu à la première place et en le servant chez nos frères, en particulier les derniers. »
Octobre 2006. Après deux ans de travail, de recherches et de voyages, son exposition sur les miracles eucharistiques est enfin prête. Mais alors que, tout excité, il prépare son vernissage, Carlo tombe brusquement malade. Verdict : leucémie foudroyante incurable. « Maman, dit-il, n’aie pas peur. Depuis que Jésus s’est fait homme, la mort est devenue le passage vers la vie et on n’a pas besoin d’essayer de la fuir. Préparons-nous à vivre quelque chose d’extraordinaire dans la vie éternelle. » Parce qu’il veut « aller tout droit au Paradis », il offre pour le pape et pour l’Église toutes ses souffrances. Il le fait en gardant ce sourire d’ange avec lequel il est né. Jusqu’au jour de sa mort. « Je suis content de mourir, car j’ai vécu ma vie sans négliger une seule minute en choses qui ne plaisent pas à Dieu. »
« Ce qui m’étonne, dit le pape François, c’est la sainteté ordinaire. » Celle d’un Carlo Acutis déjà érigé en modèle pour la jeunesse dans l’exhortation apostolique Christus vivit, et qui sera canonisé lors du jubilé des adolescents. Oui, parfois il suffit de frapper à « la porte d’à côté » pour tomber sur un saint !
Journaliste, Marie de Chamvres collabore régulièrement à Magnificat.