La dixième édition du MFINUE 2020 s’est achevée il y a quelques jours, et ce fut une réussite, car la conférence, même en ligne, a permis la rencontre de nombreux·euses jeunes qui ont débattu de plusieurs enjeux contemporains, et rappelé à tou·te·s les participant·e·s qu’il est possible de faire rimer convivialité avec connecté, exigence avec travail à distance.
Pour vous proposer un résumé, le MFINUE 2020, c’est :
-deux anniversaires (10 ans pour la conférence ; 150 pour le lycée !),
-10 mois de préparation,
-un ensemble de 12 comités, 12 rapports de recherche et deux mémorandums,
-une séance plénière en assemblée générale,
-des résolutions votées dans chaque comité et en AG,
-deux cérémonies (ouverture et clôture) en ligne, fluides et bien rythmées,
-4 temps de pauses interactives,
-6 guides d’aide et d’explication,
-des dizaines de vidéos, d’articles et interviews, de posts illustrés,
-7 intervenants universitaires,
-375 participants, dont 35 professeurs,
–27 écoles, issues de 6 pays différents,
-130 élèves engagés pour notre seul lycée, montrant bien à quel point l’événement tient à coeur à nos élèves.
Retour dithyrambique sur un événement qui aurait pu ne pas avoir lieu.
L’affiche officielle de la conférence
Il faut tout d’abord revenir en février 2020 : la nouvelle équipe d’organisation se réunit une première fois, puis se retrouve rapidement, comme le reste de la population, confrontée au confinement sanitaire. Les premières estimations nous conduisent à maintenir une organisation en présence, tout en décalant la date d’un mois, de début novembre à début décembre. Au sortir de l’été, un constat s’impose pourtant : une conférence sur place au lycée est désormais impossible. Il va falloir changer de perspective pour se remotiver soi-même en tant qu’enseignant, puis persuader les élèves du potentiel encore à explorer d’une conférence en ligne.
Après quelques tergiversations, l’ensemble de l’équipe relance le projet dans une nouvelle dynamique, reprend des inscriptions pour une conférence gratuite et à distance, réoriente le travail de l’état major sur la rédaction de rapports en réduisant légèrement le nombre de sujets, transforme le rôle des respos (élèves de 1ère année qui sont habituellement occupés à la logistique et à la ventilation d’information) en mettant en place un comité qui leur est spécialement destiné, et qui plus tard sera appelé « Mini-MNU ».
Les apprentis-délégués du Mini-MNU ont fait bien plus que répondre aux attentes…
Sont ensuite venues les questions d’ordre technique : combien de salles virtuelles auront besoin d’un lien zoom professionnel (pour bénéficier de fonctionnalités supplémentaires comme le sondage ou la durée illimitée) ? Comment faire en sorte que le MFINUE 2020 reste un événement rassembleur, et non pas une suite de réunions zoom distinctes les unes des autres ? Comment tirer parti des avantages proposés par les outils numériques ? Ou, tourné autrement, quelles compétences avons-nous développé pendant le confinement, à travers l’enseignement à distance ?
Les réponses à ces questions sont apparues progressivement au travers de nos réunions en ligne avec l’équipe. L’équipe de tourisme fera des visites guidées interactives et en direct. La responsable logistique, normalement chargée de l’accueil et des transports des groupes, sera chargée, en amont, de contacter des intervenant·es potentiel·les (spécialistes universitaires) et de programmer leur intervention, puis pendant la conférence, de gérer d’éventuels problèmes soulevés par les participants en les relayant aux responsables concerné·es. L’équipe de presse et de communication, devra anticiper d’éventuels problèmes techniques dans le partage de documents, et surtout assurer une communication précise et motivante pour les participants.
La grande innovation a été développée à l’initiative de la secrétaire générale elle-même qui, avec la collaboration de la responsable informatique, a développé un serveur personnalisé et sécurisé sur la plateforme Discord. L’objectif était de créer un lieu de partage d’informations et de chat, adapté à chaque participant·e selon sa place et son rôle, tout en procurant le sentiment d’appartenir à un événement rassembleur. L’idée était belle mais périlleuse. Elle fut un franc succès grâce au travail des deux développeuses, aux guides préparés minutieusement par chaque responsable, puis à l’investissement des membres de l’équipe, qui ont tou·tes fait en sorte que les participant·es puissent être accompagné·es dans leur prise en main de Discord, pendant la semaine précédent la conférence.
Une partie #annonces permettait de diffuser des informations à tou·tes les participant·es, quel que soit leur rôle.
Tous les autres groupes étaient accessibles selon les attributions initiales des participant·es, et permettaient de communiquer en équipes, en complément des réunions sur zoom.
On peut trouver des guides pour Zoom et Discord sur le site de la conférence, surtout utiles pour l’installation et la prise en main des outils des participant·es.
Il faut rappeler ici que toutes les productions de cette conférence (guides, rapports de recherche, site web, photos et articles, vidéos, plannings, entretiens préparatoires, réunions avec les participants, certificats, dossiers, formulaires, documents, et bien-sûr innombrables mails) ont été réalisées par les élèves de l’équipe, sous la supervision et le conseil des quatre co-directeurs·trice, que sont Elise Pons (professeure de français), Metin Özdemir (responsable des affaires extérieures), Stanislaw Eon du Val (professeur de français) et Paul Laforge (professeur documentaliste et rédacteur de ce billet). Il n’est pas superflu de rappeler que l’investissement des professeur·es comme des élèves en charge de cette conférence a été très important, en dehors des horaires de cours habituels, et qu’il se compte en centaines d’heures (devant écran). Il faut aussi rappeler la spécificité de ce projet où chaque élève est recruté selon un casting, selon ses motivations et compétences, et que le travail en équipe revient vraiment à apprendre des autres, professeur·es comme élèves, dans une véritable collaboration où les discussions et arguments permettent de faire progresser le projet, et où l’autorité des un·es et des autres ne revient pas à « décider à la place de ».
Les équipes sont aussi précisées sur le site et l’équipe organisatrice (« SEC GEN », pour les connaisseurs·euses) est sur la photo ci-dessous :
le « SEC GEN » est aussi en vidéo ici :
https://www.instagram.com/p/CIdEnWpAT_Q/?utm_source=ig_web_copy_link
Si la collaboration prend davantage un format horizontal que dans tout autre projet pédagogique, c’est a la fois la richesse, le succès et la difficulté de ce type de travail. L’exemple de la programmation des intervenant·es est d’ailleurs assez révélateur à ce sujet. Il faut reconnaître que cette innovation a été lancée très tardivement, et qu’il a fallu l’impulsion (la recherche des contacts) des co-directeurs pour la lancer. Le contact par mails de ces personnes issues de milieux universitaires et d’expériences professionnelles bien distinctes, mais toujours d’un très haut niveau de qualification, n’est clairement pas chose aisée pour un·e élève de lycée apprenant le français en Turquie. Il faut être en mesure de répondre aux interrogations, aux difficultés de planning, aux retours constructifs sur les sujets et rapports… Confier ce poste à un·e élève demande davantage de préparation et d’accompagnement. Il a donc parfois fallu intervenir pour favoriser l’organisation et les échanges, mais le retour de ces invité·es prestigieux·euses a surtout été élogieux et enthousiaste. Elogieux pour la qualité du travail et des échanges proposés. Enthousiaste pour la surprise de voir une conférence menée du début à la fin par des jeunes élèves, pour la situation inédite dans laquelle le MFINUE les a plongés. Ce fut aussi bien-sûr, une grande réussite, car tout le monde en est sorti grandi, heureux, motivé. Ce n’est pas anodin, pour un événement en ligne, dans cette période de morosité.
Cette dixième édition a été très aboutie, car aucun aspect de l’organisation n’a réellement pris le dessus sur les autres, et tout a été porté avec un haut niveau d’exigence par les élèves, sans tension apparente dans le travail d’équipe : aussi bien la communication, l’informatique, la logistique, la formation des élèves participant·es, que le choix des sujets et la qualité des débats. Le mérite en revient avant tout aux élèves qui ont su s’emparer de cette dynamique collective et ont refusé de se laisser abattre face au contexte de pandémie. Il faut particulièrement saluer la démarche de formation par les pairs, particulièrement aboutie depuis maintenant deux ans, et surtout remarquable cette année avec la distance spatiale. Un grand bravo à la cheffe des délégué·es, à la présidente du MFCPI (Modèle Francophone de la Cour Pénale Internationale) et aux cheffes des respos pour leur suivi constant, leur sérieux et les compétences diverses qui leur ont permis d’inscrire, sélectionner et former en français des dizaines de jeunes, qui se sont ensuite retrouvé·es performant·es pendant les débats de la conférence.
Le sujet de l’anthropocène a été probablement la première qualité de cette conférence. Il fut choisi en mars dernier par les deux Président·e·s de l’Assemblée générale. L’adaptation au contexte et la réduction du nombre de sujets, le suivi de l’équipe d’état-major, la formation des 60 élèves délégués de notre lycée, les mises-à-jour constantes sur les derniers jours, sont autant d’actions-clés réalisées de main de maître par PAG et vice-PAG.
Vous pouvez trouver successivement via les liens suivants la liste des sujets traités, les rapports de recherche rédigés par l’état major, et enfin les résolutions soutenues, débattues amendées et votées au sein des comités, puis de l’Assemblée générale :
–Liste des sujets
–Rapports de recherche par comités
–Résolutions votées lors de la conférence
Une spécificité exceptionnelle a été de juger le cas de l’accusé Dominic Ongwen, un mois seulement avant que le verdict soit réellement prononcé par les juges de la Cour Pénale Internationale (attendu pour janvier 2021). Voici donc le verdict prononcé par la présidence du MFCPI :
–https://mfinueorg.files.wordpress.com/2020/12/le-verdict-cpi-2020.pdf
L’équipe de communication, elle, a proposé des vidéos, toutes originales, passionnantes et passionnées, et ce de façon régulière, depuis le début de la préparation jusqu’à la fin de la conférence. L’innovation de cette année a été de proposer trois responsables presse au lieu d’une seule pour les années précédentes. Leur collaboration a été excellente. L’une était en charge des vidéos, l’autre relayait chaque message utile sur les réseaux sociaux avec précision, la troisième a géré avec beaucoup de sang-froid une équipe de journalistes en ligne, pour des contenus originaux et publiés avec beaucoup de style, sans oublier la gestion du droit à l’image de chacun des participants.
Voici donc certaines de ces publications :
– le compte instagram du MFINUE, qui fourmille de photos et vidéos,
– le journal en ligne de la conférence, réalisé en parfaite autonomie et en un temps record (le lendemain de la conférence),
– les articles, rédigés pendant la conférence,
– les interviews et témoignages de la dixième édition.
Tous ces liens, que vous pouvez suivre sur le site mfinue.org, n’auraient pas été possibles sans l’expertise et la réactivité de la responsable informatique, qui en plus d’anticiper et de gérer les problèmes liés à zoom ou discord, a su merveilleusement développer le site web de la conférence.
Venons-en maintenant au week-end de conférence en lui-même. Nous avons été très agréablement surpris de constater un taux de participation très élevé, de voir que les débats sur zoom n’ont jamais été un frein au dynamisme et à la qualité des résolutions proposées, que nos élèves sont passés d’organisateurs à transmetteurs, en quelque sorte (tant en terme de contenu que de compétence informatique), de recevoir enfin autant de retours positifs de la part des écoles participantes.
Quant au « tourisme », nous avions évoqué la volonté de l’équipe responsable des visites culturelles de mettre en place des visites en ligne qu’ils allaient filmer, en direct ou en léger différé, dans les rues d’Istanbul, pour proposer un déroulement interactif. C’était malheureusement sans compter sur un nouveau confinement, instauré seulement deux semaines avant la conférence, et qui a demandé une nouvelle adaptation. Les deux responsables, ainsi que les guides qui les ont assisté·es, ont donc proposé un ensemble de quatre parcours touristiques interactifs et virtuels (Balat-Eminönü ; Kadıköy-Beylerbeyi ; les îles des princes ; Galata-Eminönü), durant 30 minutes chacun, et réalisé en majorité grâce à Google street view ! Une performance de taille, tant par sa difficulté technique que par la réactivité dont il a fallu faire preuve pour proposer un contenu de qualité le jour J. Ces parcours évoluaient via un système de sondage en direct qui permettait aux participants d’être acteurs en contribuant au choix des étapes de visite. Ces étapes ont ensuite été rassemblées sur une carte pour que vous puissiez mieux cerner la géographie de la ville.
Bravo donc à l’équipe du tourisme pour ces pauses conviviales, gourmandes et instructives, ainsi qu’à l’équipe de presse qui était aussi sur le pont pendant ces temps de « pause interactive », pour proposer des jeux en ligne amusants et interactifs aux participant·es.
Enfin, si ce long billet énumère certaines des tâches effectuées spécifiquement par les membres de l’équipe d’organisation. Il faut d’abord saluer la qualité du travail d’équipe dans son ensemble, et l’investissement des trois chef·fe·s, soit la Secrétaire générale et les deux Président·es de l’Assemblée générale, qui ont effectué un travail remarquable, de gestion de projet et d’équipe, dépassant leurs limites à mesure que la conférence se concrétisait davantage. Un grand bravo à lui·elles !
En conclusion, ce panorama très élogieux révèle avant tout une juste récompense du travail effectué, et il se veut aussi une source de motivation face au découragement ambiant, au calendrier miné par les changements perpétuels d’agenda et de contraintes. Les adolescent·es que sont nos élèves nous ont ainsi montré qu’ils étaient en demande de projets, si on leur en donne les moyens et qu’on leur permet de casser la routine néfaste dans laquelle nous ont installé·es les confinements successifs. Il est aussi possible de faire de belles choses en ligne, en attendant des jours meilleurs.
Le logo des 10 ans du MFINUE
cf : témoignages d’anciens responsables
Le logo des 150 ans
du Lycée Saint Joseph d’Istanbul