Article de Fatima Naoot, journaliste
Tout comme ils ont investi dans les « soleils de la connaissance » pendant près de deux siècles, produisant des générations d’intellectuels et de talents qui sont devenus des icônes de la société égyptienne et un visage rayonnant pour l’Égypte dans le monde entier, ils investissent aujourd’hui dans le « vrai soleil » qui illumine la planète et crée la vie.
Lors d’une belle cérémonie très fréquentée, l’école Saint Joseph-Frère Khoronfish a inauguré la semaine dernière une centrale solaire, générant désormais environ 70 % de son électricité à partir du soleil. Cette réalisation unique n’est pas seulement un pas vers le développement durable poursuivi par le monde civilisé, mais c’est aussi un message d’espoir et une leçon pour les générations futures, renforçant l’idée qu’un avenir radieux ne peut être construit que sur la science, le travail acharné et la conviction que l’énergie propre est un investissement dans la vie.
Depuis dix-sept décennies, l’école, fondée en 1858 par les Frères au cœur du Caire fatimide, est restée un phare d’éducation sérieuse et une oasis pour inculquer de nobles principes et construire des êtres humains. Aujourd’hui, avec le lancement de cette centrale solaire, elle ajoute une nouvelle dimension à son identité : la conscience environnementale et l’engagement en faveur du développement durable, affirmant son engagement en faveur du leadership, non seulement dans l’éducation, mais aussi dans la responsabilité sociale.
Le partenariat avec l’Ambassade de France dans ce projet pionnier renforce la vision éducative qui considère que l’école ne se limite pas aux salles de classe et aux livres, mais s’étend au-delà à l’action et à l’exemple.
La présence de l’Ambassade de France à cet événement égyptien n’était donc pas seulement une présence protocolaire, mais plutôt un témoignage du respect mutuel entre deux cultures et d’une réelle volonté de coopérer pour construire un monde meilleur, un monde qui commence avec les enfants et ne s’arrête pas à la stature des nations, mais s’étend jusqu’aux épaules de chaque être humain sur cette planète.
J’ai eu l’honneur de pouvoir assister à cet événement unique en compagnie d’un groupe de personnalités de premier plan, dont l’Ambassadeur de France au Caire, M. Eric Chevalier, à l’aimable invitation du directeur de l’école, le Frère Sameh Farouk, un éducateur pionnier. Sous sa direction, l’école continue d’offrir le plus haut niveau d’éducation française en Égypte, à travers des protocoles éducatifs conjoints entre la France et l’Égypte, diplômés de générations d’étudiants brillants.
Croyant en la responsabilité sociale, le Frère Sameh conduit régulièrement des délégations d’élèves en visite à l’hôpital 57357 pour soutenir les enfants atteints de cancer, inculquant à ses enfants la graine de l’empathie pour les autres, un pilier fondamental de l’éducation. Cette fête était essentiellement une célébration de l’humanité et du choix : consommer ou produire, gâcher ou réformer, rester spectateur ou participer au changement.
L’événement n’était pas simplement une inauguration technique d’un ensemble de tableaux noirs capturant la lumière du soleil, mais plutôt une déclaration humanitaire et morale, annoncée par une institution éducative distinguée qui a choisi d’élever ses enfants sur des valeurs ainsi que sur la science, et sur la foi dans l’environnement ainsi que dans les livres. L’énergie propre n’est pas un luxe, mais une nécessité, une responsabilité et un droit fondamental pour les générations futures.
L’Ecole des Frères à Khoronfish n’a pas seulement installé de panneaux solaires, mais a plutôt inculqué une conscience culturelle et un comportement environnemental éclairé, qui, je l’espère, s’étendront au-delà des murs de l’école pour affecter l’ensemble de la communauté. Que ce jour soit le début d’une série d’étapes audacieuses vers un avenir vert, propre et juste.
L’énergie solaire n’est pas seulement une alternative à l’électricité, c’est une métaphore vivante de la vie : pure, silencieuse, généreuse et accessible à tous. C’est le « partenariat de la nature » dans sa plus belle manifestation : il n’y a pas de différence entre riches et pauvres, entre forts et faibles. Celui qui veut tendre la main vers le soleil, qu’il en prenne autant qu’il en a besoin, sans exclure personne.
Ces panneaux solaires qui génèrent de l’énergie susciteront de nouvelles questions dans l’esprit des étudiants : Que pouvons-nous faire de plus ? Comment rendre notre école plus verte ? Et si on plantait des toits, on recyclait du papier ou on organisait des campagnes de sensibilisation ? Ainsi, la révolution commence par une petite question, et par un tableau noir qui capte la lumière pour éclairer les cœurs devant les lampes.
Il est temps que les écoles dépassent leur rôle traditionnel et deviennent des laboratoires d’idées et des laboratoires de conscience collective. Comment pouvons-nous élever un étudiant qui aime son pays, si nous ne lui apprenons pas à protéger son ciel de la pollution, son eau du gaspillage et son soleil pour éviter que ses énergies ne soient gaspillées en néant ?!
Avec ce projet pionnier, l’école Saint Joseph a non seulement illuminé sa cour, mais a également illuminé un chemin que nous espérons que d’autres écoles suivront, dans toute l’Égypte. Apprenons à nos enfants que le soleil ne se lève pas seulement du ciel, mais aussi de l’intérieur de leur esprit.
Eric Chevalier est connu pour son approche humanitaire de la gestion de crise. Avant d’occuper son poste actuel d’ambassadeur de France au Caire, il a lancé au début des années 1990 un projet de soutien aux enfants des rues en Egypte, reflétant sa conscience précoce des questions humanitaires.
Après l’inauguration de la centrale électrique et avant la fin de la cérémonie, l’Ambassadeur a demandé à partir plus tôt en raison d’une réunion concernant les blessés de Gaza. Frère Sameh lui dit en français : « Prends soin des enfants de Gaza. »







