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Discours du pape aux participants à la session plénière de la Commission théologique internationale

Discours du pape aux participants à la session plénière de la Commission théologique internationale

Eminence, chers frères et sœurs !

Nous sommes, désormais, proches de l’ouverture de la Porte Sainte du Jubilé et nous venons de conclure la 16e Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques. Partant de ces deux événements, je voudrais vous adresser deux réflexions : la première est de remettre le Christ au centre, la seconde est de développer une théologie de la synodalité.

Remettre le Christ au centre. Le Jubilé nous invite à redécouvrir le visage du Christ et à nous recentrer en Lui. Au cours de cette Année Sainte, nous aurons également l’occasion de célébrer le 1700e anniversaire du premier grand Concile Œcuménique, celui de Nicée. Je pense que je vais m’y rendre. Ce concile constitue une pierre miliaire dans le cheminement de l’Église et de l’humanité tout entière, car la foi en Jésus, Fils de Dieu fait chair pour nous les hommes et pour notre salut, a été formulée et professée comme une lumière qui éclaire le sens de la réalité et le destin de toute l’histoire. L’Église a ainsi répondu à l’invitation de l’apôtre Pierre : « Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15).

Cette exhortation, qui s’adresse à tous les chrétiens, peut s’appliquer de manière particulière au ministère que les théologiens sont appelés à exercer comme service du peuple de Dieu : favoriser la rencontre avec le Christ, approfondir le sens de son mystère afin que nous puissions mieux comprendre « quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur, connaîtrez l’amour du Christ qui dépasse toute connaissance » (Ep 3, 18-19).

Le Concile de Nicée, en affirmant que le Fils est de la même substance que le Père, met en lumière une chose essentielle : en Jésus, nous pouvons connaître le visage de Dieu et, en même temps, le visage de l’homme, en nous découvrant fils dans le Fils et frères entre nous. Une fraternité enracinée dans le Christ qui devient pour nous une tâche éthique fondamentale. Il est donc important que vous ayez consacré une grande partie de cette Assemblée Plénière à travailler sur un document qui cherche à illustrer le sens actuel de la foi professée à Nicée. Ce document pourra être précieux, au cours de l’année jubilaire, pour nourrir et approfondir la foi des croyants et, à partir de la figure de Jésus, offrir aussi des pistes et des réflexions utiles à un nouveau paradigme culturel et social, inspiré précisément par l’humanité du Christ.

Aujourd’hui, dans un monde complexe et souvent polarisé, tragiquement marqué par des conflits et des violences, l’amour de Dieu qui se révèle dans le Christ et qui nous est donné dans l’Esprit devient un appel adressé à tous, afin que nous apprenions à marcher dans la fraternité et à être des bâtisseurs de justice et de paix. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons répandre des semences d’espérance là où nous vivons.

Remettre le Christ au centre signifie raviver cette espérance, et la théologie est appelée à le faire, dans un travail constant et sage, dans le dialogue avec tous les autres savoirs.

Et nous arrivons au deuxième point de réflexion : développer une théologie de la synodalité. L’Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques a consacré un point du Document final à la tâche de la théologie, dans le contexte des « charismes, vocations et ministères pour la mission » ; et elle a formulé ce souhait : « L’assemblée invite les institutions théologiques à poursuivre la recherche visant à clarifier et à approfondir le sens de la synodalité » (n. 67). C’était la vision de saint Paul VI à la fin du Concile, lorsqu’il a créé le Secrétariat du Synode des Évêques. En presque 60 ans, cette théologie synodale s’est développée, petit à petit, et aujourd’hui nous pouvons dire qu’elle est mûre. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas penser à la pastorale sans cette dimension de la synodalité.

Par conséquent, outre la centralité du Christ, je voudrais vous inviter à garder également à l’esprit la dimension ecclésiologique, afin de mieux développer la finalité missionnaire de la synodalité et la participation de l’ensemble du Peuple de Dieu dans sa variété de cultures et de traditions. Je dirais que le moment est venu de faire un pas courageux : développer une théologie de la synodalité, une réflexion théologique qui aide, encourage et accompagne le processus synodal, pour une nouvelle étape missionnaire, plus créative et audacieuse, inspirée par le kérygme et impliquant toutes les composantes de l’Église.

Je termine par un souhait : puissiez-vous être comme l’apôtre Jean qui, dans sa confiance de disciple bien-aimé, approcha sa tête du cœur de Jésus (cf. Jn 13, 25). Comme je l’ai rappelé dans l’encyclique Dilexit nos, le Sacré-Cœur de Jésus « est le principe unificateur de la réalité, car “le Christ est le cœur du monde ; sa Pâque de mort et de résurrection est le centre de l’histoire qui, grâce à Lui, est histoire de salut” » (n. 31). Reposant, pour ainsi dire, sur le Cœur du Seigneur, votre théologie puisera à la source et portera du fruit dans l’Église et dans le monde. Une chose fondamentale pour faire une théologie féconde est de ne pas perdre le sens de l’humour, s’il vous plaît ! Cela aide beaucoup. L’Esprit Saint est celui qui nous aide dans cette dimension de joie et d’humour.

Sœurs et frères, je vous remercie pour votre service. Je vous accompagne de ma bénédiction. Et s’il vous plaît je vous demande de prier pour moi. Pour, pas contre ! Je vous remercie.