Home DistrictMot du Frère Visiteur lors de la cérémonie de profession perpétuelle du Frère Fady Salama
Mot du Frère Visiteur lors de la cérémonie de profession perpétuelle du Frère Fady Salama

Mot du Frère Visiteur lors de la cérémonie de profession perpétuelle du Frère Fady Salama

Cher Frère Fady,
Nous voici tous ici réunis pour t’accompagner dans cette démarche très importante dans la vie
religieuse : ta Profession Perpétuelle.
Cette démarche va, tout à l’heure, officialiser un choix que tu as déjà fait il y a quelques années
quand tu as demandé à t’engager dans l’Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes. Car, comme
nous tous Frères ici présents, quand tu as fait ce premier pas, c’était en vue d’un engagement
définitif pour la vie et non un engagement provisoire.
Alors que tes études te préparaient pour le métier de dentiste, comme ton papa, tu as choisi
plutôt de devenir Frère des Ecoles Chrétiennes. Incompréhensible sur le plan humain.
Incompréhensible car en réalité, tu n’as pas réellement choisi, tu as été choisi et appelé par Dieu
à te consacrer entièrement à LUI pour la mission qu’Il a voulu te confier. Il est venu frapper à la
porte de ton cœur pour te dire : « Fady, acceptes-tu de te donner totalement à Moi pour la
mission que Je voudrais te confier ? » et tu as répondu : « Oui seigneur ! Me voici ! Je ferai
selon Votre volonté ! »
Oui tu as été appelé par Dieu … pour la mission du service éducatif des enfants, en particulier
des plus nécessiteux, des plus vulnérables….. avec les Frères des Ecoles Chrétiennes. Appelé
par … pour… avec…Voici les trois éléments, les trois dimensions fondamentales de la
consécration lasallienne, que tu connais très bien et que je voudrais rappeler ici, pour toi et pour
nous tous ici réunis.
1 – Appelé par DIEU : « Ce n’est pas vous qui M’avez choisi, c’est Moi qui vous ai choisis et
établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » Jn 15 :16. Il
t’a choisi car « J’ai gravé ton nom dans la paume de Ma main » Is 49 :16. Pourquoi Il t’a choisi
à toi, pourquoi Frère des Ecoles Chrétiennes et non Jésuite ou Franciscain ou dentiste ? Je ne
sais pas, tu ne sais pas : c’est Son libre choix, et Il n’a pas de comptes à nous rendre. Et quand tu
dis, quand nous disons, « je me consacre à VOUS (Dieu), je me donne à VOUS (Dieu) » cela
signifie que nous Lui appartenons en totalité et c’est LUI qui nous envoie dans la Communauté
des Frères des Ecoles Chrétiennes à laquelle nous appartenons parce que LUI Il l’a voulu. C’est
de là que s’inspirent, j’espère ne pas dire d’hérésie, les trois vœux traditionnels des religieux :
pauvreté, chasteté, obéissance. Par ces trois vœux nous nous dépouillons de tout, richesse,
famille et pouvoir, pour être entièrement au service de Celui à qui nous nous sommes donnés :
Dieu. Nous nous mettons entièrement à Son service « autant qu’il me sera possible et que Vous
le demanderez de moi » disons-nous. Et ce « en quelque lieu que ce soit que je sois envoyé et
pour y faire ce à quoi je serai employé » car nous LUI appartenons, nous ne sommes « que des
ouvriers quelconques » nous dit l’Evangile.
Donc le premier élément dans notre vie de Frère est cet appel de Dieu et nous ne devons jamais
l’oublier, surtout quand nous sommes happés par l’action. Dieu a la première place dans notre
esprit, dans notre cœur, dans notre temps. Que l’action, les jeunes, les enfants, les soucis, etc….
ne Lui prennent jamais cette place. Et c’est devant LUI que nous sommes présents
maintenant pour cette démarche.

Ce que je te dis là, F. Fady, je le dis aussi à moi-même et à tous les Frères ici présents. Pris par
le feu de l’action pour la mission et/ou par les habitudes avec l’âge, nous risquons chacun de
nous fabriquer une idole, un veau d’or moderne mélange d’action, de routine et d’habitudes et
enrobé de belles intentions = l’enfer est pavé de bonne intentions = et de belles paroles, mais
idole qui nous fait oublier ce que LUI, DIEU, nous a chuchoté à l’oreille quand IL nous a menés
au désert pour parler à notre cœur. Notre 46 e chapitre général et l’Assemblée Plénière de la
semaine passée nous ont lancé un appel à une conversion intérieure, conversion dans notre
regard sur les autres. Allons-nous écouter ce que nous dit « le Corps de la Société et ses
Supérieurs » comme dans notre formule de vœux et entamer un mouvement de conversion ou
bien continuer à écouter le doux chant enchanteur mais trompeur des sirènes des fausses
certitudes et prétendues perfections – Dieu Seul est parfait – d’un passé, même récent, passé
enjolivé, idéalisé, élevé au rang d’une statue sacrée ? Oui Frères, retrouvons notre amour de
jeunesse quand nous avons consenti à répondre positivement à l’appel de Dieu qui nous a
choisis, et non pas que nous avons choisi, pour nous envoyer travailler à Sa vigne, à Sa moisson,
à Sa mission éducative auprès des jeunes comme de simples ouvriers quelconques, nous dit
l’Evangile, et non comme des chefs et des dirigeants. Et si un jour on est appelé à un poste de
responsabilité, que ce soit pour un service et non pour un pouvoir.
2 – Appelé POUR le service éducatif des pauvres : La mission que Dieu, par son Eglise, a
confiée à l’Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, et donc à chacun d’entre nous, est le
service éducatif des pauvres. Mission d’éducation et non seulement d’enseignement ou
d’apprentissage. La mission d’éducation s’intéresse à tous les aspects de la personne de l’élève
et non seulement à ses connaissances. Un Frère des Écoles Chrétiennes, comme tout éducateur
lasallien, doit voir toute la personne de l’élève et chercher à en connaître toutes les dimensions,
à la manière dont Dieu nous connait, afin de l’aider à grandir, à atteindre ce pourquoi Dieu l’a
créé, à devenir ce à quoi Dieu l’a destiné : une image du Créateur, un être libre, un fils de Dieu.
Il faut commencer par aimer cet élève, comme on aime Dieu, et à voir en lui le Dieu qui l’a
créé. Notre dernier Chapitre Général nous a parlé d’abord du « Projet Levain ». Actuellement
l’équipe d’animation du Centre de l’Institut nous parle plutôt du « Mouvement Levain ». La
différence est qu’un projet s’arrête une fois terminé, tandis que le mouvement se poursuit
toujours. Le « Mouvement Levain » nous demande, exige de nous une conversion vers ce
qu’on appelle « les périphéries », c’est-à-dire les laissés pour compte par la société, en dehors
mais aussi et surtout peut-être dans nos propres écoles. Conversion qui nous conduit à voir ceux
que d’habitude on ne voyait peut-être pas, à corriger notre regard pour être plus attentif à ces
jeunes ou adultes en marge de la vie normale de nos établissements éducatifs. A ces jeunes ou
adultes que nous rencontrons chaque jour dans nos classes et cours de récréation sans les voir,
sans voir et ressentir les blessures que la société leur inflige, sans voir et sentir les souffrances
qu’ils portent en secret par dignité, sans voir et sentir les boulets sociétaux qu’ils traînent
derrière eux et à qui nous demandons de courir comme les autres, comme si rien ne les
ralentissait.
3 – Cette mission éducative lasallienne ne se vit pas de manière individuelle. A l’image du Dieu
Trinité, Trois en Un, et de l’Amour qui Les unit, les Frères et les Lasalliens vivent leur
consécration et leur mission « ensemble et par association ». Les Frères des Ecoles Chrétiennes
vivent en communauté et non en ermites. Ce n’est pas toujours facile : il faut apprendre à

accepter l’autre dans sa différence avec ses défauts mais aussi ses qualités, ses manies mais
aussi ses dons, et vivre avec car tous nous avons nos défauts et nos qualités, nos manies et nos
dons, et chacun de nous est une image de l’AUTRE à qui nous appartenons. Vivre ensemble,
vivre en communauté, c’est accepter l’autre tel qu’il est. Oui nous le savons ; j’ai surtout des
qualités et l’autre a surtout des défauts. Cela ne peut pas se vivre en communauté, ensemble. Il
nous faut devenir nos propres ophtalmologues, médecins des yeux, pour rendre plus myope
notre regard sur nos qualités et sur les défauts des autres, et plus clair notre regard sur nos
défauts et sur les qualités de l’autre. En toute humilité, commençons par enlever la poutre de
nos yeux avant de regarder la paille dans celui des autres, nous a dit Quelqu’un il y a 2000 ans.
De même les lasalliens ne travaillent jamais seuls mais « ensemble » en équipe, groupe, comité
ou conseil, etc. quel que soit le nom. C’est ensemble que l’on prépare l’action éducative, c’est
ensemble que l’on analyse les situations et les problèmes ou projets. Et même si la décision
finale revient au premier dans la hiérarchie du groupe, il ne la prend jamais seul mais après
avoir consulté le groupe que la mission lasallienne a placé auprès de lui pour l’aider,
l’accompagner.
On retrouve là les trois piliers de la spiritualité lasallienne connus sous les termes « Foi –
Fraternité – Service » que tout lasallien connaît, ou doit connaitre, et surtout, doit vivre. Ces
trois dimensions de la vocation de Frère, la dimension spirituelle, la dimension communautaire
et la dimension apostolique, forment comme un trépied qui maintient stable la vie du Frère,
chaque dimension soutenant les deux autres. Qu’une de ces dimensions faiblisse, ou qu’elle
croisse et grandisse trop – le danger de l’activisme qui nous guette tous – et c’est tout le trépied
qui bascule et chute. Et la chute peut être désastreuse. L’essentiel est de trouver un équilibre
stable et le maintenir chaque jour. Dieu est là pour nous aider à trouver cet équilibre, si nous le
plaçons, DIEU, au centre de notre vie
J’aurais aimé ajouter un long paragraphe sur ton cheminement dans ta famille dans laquelle ta
vocation s’est épanouie. Mais je la connais si peu que je te laisse le soin d’en dire plus tout à
l’heure. Je sais que dans ta famille, tu vivais comme dans une ambiance, une atmosphère
d’amour qui a favorisé ton développement personnel et l’éclosion de ta vocation de Frère des
Ecoles Chrétiennes. Et quand est venu le moment du choix définitif, du départ de la famille, tu
n’as trouvé aucun obstacle chez aucun de ses membres, malgré le pincement au cœur et la
douleur de l’arrachement, surtout que tu es fils unique, et nous Orientaux, nous savons
l’attachement au fils unique dans une famille. Mais l’amour que ta famille porte à Dieu et à toi
les ont aidés à triompher de cette douleur.
Pour conclure, heureux es-tu Fady, d’avoir répondu positivement, en toute liberté, à l’appel du
Dieu Un et Trine qui t’as choisi pour cette vie et cette mission. Nous tous ici présents, nous
t’accompagnons de nos prières afin que tu puisses toujours, toute ta vie durant, être fidèle à ce
don que tu as accepté de faire de toi-même à Dieu.
Que notre saint Fondateur, Jean-Baptiste de La Salle et tous nos Saints Frères et la Très Sainte
Vierge Marie, Reine et Mère des Ecoles Chrétiennes, notre Mère, t’accompagnent aussi.
Vive Jésus dans nos cœurs ! A jamais !