Home District“Les écoles catholiques sont un phare d’espérance dans un Proche-Orient troublé”
“Les écoles catholiques sont un phare d’espérance dans un Proche-Orient troublé”

“Les écoles catholiques sont un phare d’espérance dans un Proche-Orient troublé”

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Cécile Séveirac – publié le 08/02/25

Le Père Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques du Liban, détaille pour Aleteia les enjeux de la poursuite de l’enseignement catholique et francophone au Proche-Orient, dans une période toujours très troublée.

Syrie, Liban, Jordanie, Terre sainte, Irak… Le réseau francophone des écoles catholiques du Proche-Orient continue de mener à bien sa mission d’enseignement auprès de 400.000 élèves, dans un contexte mouvementé. Alors que la guerre entre Israël et le Hamas s’est répandue un bref instant au Liban avant un cessez-le-feu, ces écoles tiennent plus que jamais un rôle vital dans la construction du processus de paix, explique à Aleteia le père Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques du Liban et secrétaire régional de la MENA (Moyen-Orient Afrique du Nord). « Les écoles catholiques sont fondamentales. Elles forment un pont dans une société-mosaïque entre les communautés, les diverses confessions et classes sociales ; elles rassemblent. Et bien sûr, elles ont un rôle spirituel en permettant de témoigner de la présence du Seigneur. Elles constituent un rempart d’espérance », explique-t-il à Aleteia à la suite d’une conférence donnée avec l’Œuvre d’Orient le jeudi 6 février. Entretien.

Aleteia : Quel bilan faites-vous quant à l’état des écoles du Liban aujourd’hui ? Des évolutions ont-elles été constatées notamment depuis la guerre entre Israël et le Hezbollah ?

Père Youssef Nasr : Toutes les écoles catholiques (320 établissements au total) ont pu reprendre l’enseignement en présentiel après la fin de la guerre. Certaines continuent l’enseignement en ligne à la frontière Sud. J’ai pu visiter cette région et observer de près la situation des écoles catholiques au sud-Liban. Il y a beaucoup de dommages, avec des infrastructures qui sont à reconstruire. Même à Beyrouth certaines écoles souffrent de beaucoup de dégâts. Elles cherchent à réparer et à rénover ce qui est possible, mais il y a eu peu d’aides à cet effet. Par ailleurs, il y a moins d’élèves puisque beaucoup de familles ont quitté le pays, d’autres sont déplacées sur le territoire et n’ont pas pu jusqu’à présent rentrer chez elles. Au-delà des dégâts matériaux, il y a bien sûr une souffrance, une forme de traumatisme constatée chez le personnel enseignant et les élèves. Cela nécessite une attention particulière et doit être traité de façon adéquate avec une prise en charge mentale. Après le cessez-le-feu, il y a toujours des incertitudes quant à l’avenir de l’année scolaire. Nous vivons dans l’espoir que c’est vraiment terminé et que la guerre ne reprendra pas après la fin du cessez-le-feu qui est le 17 février. Nous entrons dans une phase de stabilité que nous aimerions voir se poursuivre pour le bien de la mission éducative. Celle-ci est d’autant plus vitale que nous constatons une véritable baisse de niveau académique. Nous faisons face à une faiblesse pédagogique, qui va nécessiter des rattrapages.

En quoi la mission des écoles francophones et catholiques est-elle essentielle au Liban et plus largement au Proche-Orient ?
Je pense que la première réponse est dans le fait que les parents recherchent une excellence académique qu’ils trouvent dans les écoles catholiques. Par ailleurs, il y a un ensemble de valeurs promues par ces établissements, de paix, de coexistence, desquelles la société a beaucoup besoin. D’autre part, ces établissements répondent à un besoin primordial aujourd’hui : celui de répondre au traumatisme vécu par les familles libanaises. Les écoles catholiques sont fondamentales aussi dans la construction de l’État car elles éduquent à la citoyenneté. Elles forment un pont dans une société-mosaïque entre les communautés, les diverses confessions et classes sociales ; elles rassemblent. Et bien sûr, elles ont un rôle spirituel en permettant de témoigner de la présence du Seigneur. Elles constituent un rempart d’espérance. Elles sont aussi un phare d’espérance dans un Proche-Orient troublé.

De quoi ont besoin les écoles catholiques du Proche-Orient en ce moment ? Ont-elles un risque de disparaître ?
Il faut différencier selon les pays. Le cas du Liban est différent de celui de la Syrie, de la Jordanie, de l’Égypte… Nous savons quel a été le sort des chrétiens en Irak et comment ils sont devenus une minorité ; nous avons aussi quel a été le sort de celui des chrétiens de Syrie avec 20% seulement d’entre eux restés sur place. En Syrie, il y avait une centaine d’établissements scolaires catholiques : aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une vingtaine. Au Liban, ce réseau reste fort malgré les crises successives et la guerre dont nous avons souffert. En Égypte aussi, ce réseau est très fort avec environ 176 écoles catholiques. Du côté de la Palestine, les écoles souffrent beaucoup. Pour la bande de Gaza, seule une école catholique demeure, celle de la Sainte-Famille, qui essaie de continuer à enseigner les élèves. Pour mener à bien leur mission, elles ont toutes besoin d’une chose : de stabilité. Il y a aussi un grand besoin de soutien aussi bien matériel que psychique. Tout cela pour assurer une pérennisation des écoles catholiques. Leur existence est fondamentale.

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