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Aleteia: Les phrases à éviter lors des réunions parents-profs

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Mathilde de Robien – publié le 13/01/25

Certaines remarques sont à proscrire, aussi bien en tant qu’enseignant qu’en tant que parent. Étiquettes, comparaisons, critiques, sentimentalisme… Autant de pièges à éviter pour avoir un dialogue constructif, où le bien de l’élève est au cœur.

L’année scolaire a suffisamment démarré pour dresser un premier bilan des résultats et du comportement des élèves, tout en laissant encore le temps de progresser ou de redresser la barre. C’est pourquoi le mois de janvier est généralement plébiscité par les établissements scolaires pour organiser des rencontres individuelles entre les parents et les professeurs. Des rencontres qui ne vont pas sans une certaine appréhension de part et d’autre : « Le dialogue n’est pas évident car les parents comme les profs arrivent souvent avec des a priori », constate Isabelle, professeur de mathématiques dans un collège parisien. « Or il est essentiel de laisser de côté les jugements réciproques pour avoir un échange constructif et se concentrer sur ce qui peut faire avancer l’enfant. »

Ces rencontres sont prévues par l’article L 111-4 du Code de l’éducation : « Les parents d’élèves sont membres de la communauté éducative. Leur participation à la vie scolaire et le dialogue avec les enseignants et les autres personnels sont assurés dans chaque école et dans chaque établissement ». Un souci de dialogue réitéré par une circulaire de 2006 sur le rôle et la place des parents à l’école, qui précise que « le dialogue avec les parents d’élèves est fondé sur une reconnaissance mutuelle des compétences et des missions des uns et des autres (le professionnalisme des enseignants dans le cadre de leurs fonctions, les responsabilités éducatives des parents) ainsi que sur le souci commun du respect de la personnalité de l’élève ».

Le but ultime de ces entrevues est là : accompagner l’élève, où qu’il soit, pour le faire progresser. « Ces rencontres sont des occasions en or pour comprendre, sans juger, ce qu’il se passe à la maison et ce qu’il se passe à l’école, en vue de faire avancer l’enfant », souligne Isabelle. « Il n’y a pas de cancres heureux, cela n’existe pas. Si un élève est en difficulté, il est en souffrance, et c’est à nous, adultes, de trouver des solutions pour l’aider, avec sa pleine participation. »

1 Ne pas coller d’étiquettes

« J’étais nul en math donc ce n’est pas étonnant qu’il ne comprenne rien. » (côté parents)
« Dans la famille, on n’a pas le gène des langues. » (côté parents)
« Il n’est pas littéraire, ça, c’est sûr ! » (côté professeurs)

Que cela vienne de l’enseignant ou des parents, il n’est jamais bon de coller des étiquettes sur un élève, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, nul ne sait comment il va évoluer : qui sait si, sur un déclic, les mathématiques ne vont pas devenir limpides ? Ou s’il ne va pas devenir bilingue après un séjour à l’étranger ? Rien n’est irrémédiable, surtout à cet âge ! D’autre part, enfermer un enfant dans une hérédité ne l’autorise pas à s’en détacher ou pire, lui donne une excellente excuse pour ne pas se fatiguer. « Enfermer l’enfant dans quelque chose de caricatural ne fait pas avancer les choses », souligne Isabelle. « Les adolescents sont des êtres en devenir, ils peuvent changer ! Et leur coller une étiquette ne les encourage pas à faire de leur mieux. »

2 Ne pas faire de comparaisons

« Il a davantage de facilités que son frère aîné. » (côté professeurs)
« Sa sœur est beaucoup plus sérieuse. » (côté parents)

Les comparaisons, qu’elles soient défavorables ou favorables, sont stériles. Les premières dévalorisent l’enfant quand les secondes lui font croire qu’il est le meilleur. Le but de ces rencontres est de se concentrer sur un enfant et d’échanger sur sa manière de travailler à lui, pour trouver comment l’aider au mieux.

3 Ne pas porter de jugements hâtifs

« Dans le public, il aurait facilement trois points de plus. » (côté parents)
« Sa dissertation méritait bien plus que 10/20 ! » (côté parents)
« Il ne travaille pas assez. » (côté professeurs)

L’humilité est une vertu à mettre en œuvre dans les rencontres parents-profs ! Il est bon de reconnaître qu’il est difficile d’émettre un avis juste sur certains sujets. Les parents ne sont pas spécialistes en systèmes de notations et les enseignants ne savent pas ce qu’il se passe à la maison. Pour Olivier, professeur de lettres en banlieue parisienne, les réactions des parents sur les notes sont bien souvent infondées : « C’est surtout une manière, pour les parents, de se rassurer quant au niveau de leur enfant, qui ne correspond pas toujours à leurs attentes. »

À l’inverse, il est difficile, pour un professeur, de juger le travail d’un élève à ses seules notes. Ce dernier peut travailler de longues heures chez lui et avoir du mal à restituer les leçons. « En ce cas, dire qu’il ne travaille pas, ou pas assez, peut être vécu comme une injustice », souligne Isabelle. Plutôt que de porter un jugement hâtif, il s’agit, pour un professeur, de poser des questions factuelles et objectives : combien d’heures travaille-t-il le soir ? peut-il se concentrer ? est-ce que la télévision est allumée ? s’y met-il tout de suite ou en fin de soirée ? comment travaille-t-il ? C’est à partir de ces réponses que parents et professeurs peuvent trouver des solutions pour aider l’enfant.

4 Ne pas critiquer

« Je suis un peu étonné de votre méthode, car l’an dernier, il avait de très bons résultats dans votre discipline avec son ancien prof. » (côté parents)
« Faire cours dehors, je n’ai jamais rien vu d’aussi bête ! » (côté parents)

Poser des questions, oui, critiquer, non. Déguisée ou non, la critique est stérile et ne mène à rien. Côté professeurs, « on proscrit toute forme de jugement sur la façon dont les parents jouent leur rôle », affirme Pauline, professeur de S.V.T. En revanche, « valoriser l’élève d’une manière ou d’une autre est indispensable ». Côté parents, se montrer curieux, poser des questions pour comprendre une nouvelle méthode pédagogique permet d’instaurer le dialogue. Néanmoins, il est bon de ne pas perdre de vue que l’échange, généralement très court, pas plus d’une dizaine de minutes, est prévu pour parler de l’élève et non des choix pédagogiques de chaque professeur.

5 Ne pas tomber dans le sentimentalisme

« Il vous aime beaucoup. » (côté parents)
« Vous dites qu’il est insolent, mais il faut juste savoir le prendre : il marche beaucoup à l’affectif. » (côté parents)

L’école, et les relations entre les élèves et les professeurs, ne sont pas le lieu pour étaler ses sentiments. « Bien que l’affect soit important pour des adolescents, cela ne peut pas être le moteur principal, je préfère qu’ils travaillent pour eux ! », souligne Pauline. « Nous ne sommes pas là pour être aimés par nos élèves mais pour les faire évoluer », abonde Isabelle. « Qu’un élève aime ou non son professeur, là n’est pas le sujet, il faut dans tous les cas qu’il fasse avec. » Progresser, travailler, faire de son mieux, même s’il n’a pas d’atomes crochus avec son enseignant, est une manière, pour l’élève, de s’adapter, de travailler pour lui (et non pour le professeur ou ses parents) et de se préparer ainsi au monde du travail, dans lequel il n’est pas question de « marcher à l’affectif ».