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Message du Frère Visiteur (septembre 2021)

Message du Frère Visiteur (septembre 2021)


« Lève-toi, et mange, car il est long le chemin qui te reste” (Roi 19)
Il y a quelques jours, Beyrouth a commémoré l’explosion du port de Beyrouth, un an plus
tard. Des milliers de personnes se sont rassemblées à la « Place des Martyrs » pour une minute de
silence et de recueillement, et ont rappelé les 200 morts et 6000 blessés. Les cloches des églises ont
longuement sonné, tandis que les muezzins des mosquées ont psalmodié des versets du Coran. Des
hélicoptères et des avions militaires ont sillonné le ciel au-dessus du lieu de l’explosion. Une
procession pacifique a également eu lieu, au cours de laquelle des milliers de Libanais ont agité des
drapeaux et exposé les portraits des victimes. En même temps, les tensions n’ont pas manqué : des
affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre ont eu lieu devant le siège du Parlement.
La Croix rouge libanaise a fait état de 54 blessés. Nous manquons de tout et l’argent dont nous
disposons ne suffit plus à couvrir nos besoins quotidiens. On ne sait pas si les écoles pourraient
ouvrir leurs portes. Il y a de quoi faire douter de tout.
Tenant compte de l’indescriptible situation que nous traversons, j’ai choisi une scène biblique
de Saint Elie. Elie montre comment Dieu se porte au secours de ceux qui ont recours à lui par la
prière, en particulier dans les moments difficiles. Or, nous vivons une période des plus éprouvantes où
nous faisons face quotidiennement à la pandémie du Covid, à l’insécurité financière vu la baisse
drastique de notre pouvoir d’achat, à la peur de tomber malade dans la pénurie de médicaments, à
l’incertitude quant à l’avenir. Bref, nous faisons face à la peur de l’insécurité et de la misère et à la
souffrance qui s’ensuit.
« En ces jours-là, le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une
journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant :
« Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis
il s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et
mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une
cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui
dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but. Puis,
fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de
Dieu. (Roi 19,4-8)
Toutefois, héritier d’une aventure lasallienne bâtie sur l’Espérance, j’adopterai l’attitude de
l’Abbé Pierre quand il écrit : “Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir. Je
continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine. Je continuerai à construire, même si les
autres détruisent. Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre. Je continuerai à
illuminer, même au milieu de l’obscurité. Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la
récolte. Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent. Et je dessinerai des sourires sur des
visages en larmes. Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur. Et j’offrirai des motifs
de joie là où il n’y a que tristesse. J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter… Et je tendrai
les bras à ceux qui se sentent épuisés.”
Oui, Nous continuerons à croire en notre mission d’éduquer les jeunes. Nous poursuivrons les
formations en ligne en les perfectionnant. Nous continuerons à chercher des ressources financières
pour réaliser des projets de développement durables ainsi que pour soutenir notre staff administratif et
éducatif et les familles de conditions modestes. Nous poursuivrons les formations des professeurs et
des responsables et nous poursuivrons la préparation de nouveaux responsables. Nous sommes fiers
des gestes de solidarité humaines, sociales et spirituelles qui se manifestent au quotidien dans nos
établissements et nos communautés. Nos jeunes et nos adultes resteront attentifs aux besoins éducatifs
et humains des personnes les plus vulnérables et ne cesseront de leur venir en aide. C’est n’est qu’une
réponse fidèle à notre vocation de Frères ou de lasalliens. Puisse le Seigneur nous réveiller et nous
dire : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste ». Puissions-nous, forts de nos
prières, de notre patience et de notre compréhension et de notre solidarité, traverser ce désert.

Frère Fadi Sfeir, Visiteur