Chers Frères, chers lasalliens,
Depuis de longs mois, partout dans le District, nous essayons de nous protéger et de protéger nos institutions de la pandémie du virus Covid-19 qui sévit dans le monde. Permettez-moi de m’arrêter sur les différentes crises vécues particulièrement au Liban. Suite à une longue crise économique et financière, l’année scolaire qui venait à peine de commencer a été fortement perturbée par le soulèvement populaire qui a presque tout paralysé. La pandémie s’est invitée en février, puis le 4 août, la grande catastrophe, l’explosion du port de Beyrouth: 200 morts, 6500 blessés dont de très graves, 200,000 habitations saccagées, plusieurs centaines de milliers de personnes sans abris et ayant perdu leur emploi remettant en cause la possibilité de la reprise scolaire. Mais, à côté de cet événement apocalyptique, il y a eu ces 400 jeunes de tous bords qui, le lendemain de l’explosion, ont afflué vers le Collège du Sacré-Cœur complètement ravagé, portant leurs masques, apportant leur balais, leur courage, leur énergie et … beaucoup de fraternité. Par leur action et leur générosité, ces volontaires attestent que la mort n’aura pas le dernier mot. C’est dans les petits gestes, les petites attentions, les petits mots de réconfort que le témoignage de l’Espérance nous touche, ébranle notre tendance au désespoir. Des centaines de responsables, d’amis, de voisins mais aussi d’inconnus sont arrivés, chargés de leur solidarité, de leur envie d’alléger nos peines et d’aider. Beaucoup de miraculés, notamment des Frères, ont témoigné comment le Seigneur a épargné leur vie. Nous avons reçu des appels du Liban, de la France, des Philippines, d’Australie, des États-Unis, d’Italie, d’Égypte, …de partout, nous demandant en quoi ils peuvent nous aider. De simples gens ont offert le peu d’argent dont ils disposaient en signe de partage. Les gens sont à nos côtés. Ils souffrent avec nous. Cette fraternité nous fait oublier notre profonde blessure et nous interdit de désespérer. Elle nous apaise, nous réconforte, nous prouve qu’à travers les humains Dieu marque sa présence à nos côtés. Ces réactions spontanées en chaîne sont autant de signes d’espérance.
À notre tour, nous sommes appelés à témoigner de cette Espérance qui nous aide à affronter sereinement les situations les plus ténébreuses. D’autre part, nous remercions le Seigneur pour les deux jeunes postulants Chenouda et Fakher qui ont rejoint le noviciat de Burkina Faso. Nous prions pour eux et pour tous les jeunes qui entrevoient la vocation de Frères. Dieu demeure là, à nos côtés, avec nous , dans les quatre saisons de notre vie. Il nous revient de l’accueillir et de témoigner de Sa Présence et de Sa Bonté.
La prochaine rentrée scolaire s’annonce difficile à cause des défis et incertitudes dus à la pandémie et à tous les problèmes qu’elle charrie. Pour y faire face efficacement, nous devrions impliquer tous les partenaires scolaires tenant compte des différentes limitations. Il nous faudra tous, ensemble et par association: élèves, professeurs, parents et administrateurs, collaborer pour adopter de bonnes pratiques afin de conduire nos élèves à la réussite scolaire. Reconnaissons à ces circonstances le mérite de nous avoir permis de découvrir et d’expérimenter l’enseignement à distance qui nous a aidés àcomprendre l’importance de développer les relations avec les parents et àtravailler à l’autonomie de l’élève. Cet enseignement revêt un double caractère: une maîtrise de la technique et une pédagogie «animée» qui se laisse toucher par les besoins de l’apprenant. Nous sommes fiers des éducateurs qui réussissent à relever les difficultés avec succès et aident leurs collègues à s’intégrer dans cette nouvelle culture. Notre attention se portera envers les enfants et parents qui ont le plus des besoins, quelle qu’elle soit: psychique, académique ou culturelle.
Je souhaite à chacune et à chacun une bonne rentrée scolaire placée sous le signe de l’Espérance et de la confiance en Celui qui nous dit aujourd’hui : «N’ayez pas peur. Je suis avec vous.»
Frère Fadi Sfeir,Visiteur.